E. du Perron
aan
F. Hellens
Amsterdam, 27 januari 1930
Amsterdam, 27.1.30
Vossiusstraat 45.
Mon cher ami,
Je ne t'écrirai pas longuement, étant donné les circonstances. Ma mère va un peu mieux, mais ce n'est toujours pas brillant, et elle s'inquiète constamment. Je n'ai toujours pas une chambre dans la même maison, je ne l'aurai qu'en février, en attendant Simone et moi nous couchons dans un genre de chambre meublée bourgeoise, assez gentille mais trés bête, et surtout très apte à couper toute inspiration.
Je te répondrai maintenant alinéa pour alinéa.
Veux-tu passer Nutteloos Verzet à Neel Doff? Si elle le trouve bien je lui enverrai un exemplaire (pour le momentje n'en ai pas, mais j'en aurai encore).
Le voyage? été assez raté. J'étais mélancolique et découragé en partant. Un ressort cassé, peut-être. En somme j'étais content de rentrer à Amsterdam. Je ne partage nullement l'opinion de Greshoff sur les Hollandais, et surtout pas sur cette ville, qui est bien agréable à voir, et infiniment mieux que Bruxelles. Le Hollandais est lourd, bête si l'on veut, et surtout a-littéraire, mais en somme assez gentil, et pour les rapports superficiels ça suffit. Mais n'oublions pas que Gr. a vécu ici et que moi, je vois ce pays en touriste.
J'ai vu plusieurs fois Slauerhoff, qui est assez sombre et qui peste continûment contre Utrecht. Il repartira bientôt, je pense. C'est un garçon bien malheureux, difficile à manier, mais extrèmement bien. Ecris-lui, cela lui fera plaisir. Il t'aime beaucoup, ne t'y trompe pas, mais c'est un oiseau farouche. Voici son adresse: Turijnstraat 26 bis, Utrecht (Hollande).
Je suis heureux de lire que chez toi tout va bien. - Oui, envoiemoi ces Filles du Désir, je suis à ta disposition pour leur arracher quelques lambeaux.
Je ne pense pas - après tout - que je viendrai à Bruxelles avant 2 ou 3 mois. Mais il est entendu que je viendrai te voir quand je passerai.
Voilà, mon cher Hellens* Fais mes amitiés et celles de Simone à Maroussia et des caresses aux gosses et crois-moi toujours bien ton
EdP.