E. du Perron
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Pedro Creixams en Madeleine Creixams

Brussel, 27 oktober 1924

Brux. 27 Oct.

Mon cher Pedro,

J'ai été très touché - mais de façon plutôt gaie - de votre lettre-menu; si je pouvais, j'accourrais à l'instant même. Ici je ne vis pas; je m'en rends doublement compte quand une bouffée de vitalité m'arrive, comme par ex. par votre lettre. Mais vers le milieu de novembre je pourrais être à Paris. Je t'avertirai encore, ainsi que Pia. Comment le trouves-tu? pas trop changé, sinon intérieurement, au moins physiquement, par les 12 mois d'hôpital? Toi, tu n'es jamais malade; je changerais immédiatement avec toi de constitution. Pourtant, pour le moment, je parais guéri. Mais les rhumes chroniques sont inévitables, ici; il faut donc se résigner à tousser; c'est ce que je fais depuis mon retour (en septembre).

Tu as raison: qu'est-ce que je fiche ici? je me le demande.

C'est juré: je viendrai aussi tôt que possible. On se remplira encore ensemble chez la mère Catherine; et avant peu; tu peux y compter. Comme limite: mettons le 20 novembre; mais je suis presque persuadé que ce sera plus tôt. Donc, au revoir!

(comme seul mot d'ordre)

Comme toujours ton

Eddy

Ma très-chère tante

(aux cheveux coupés),

Je me plaindrais de cette mauvaise nouvelle (quoique tant à la mode) si je ne me trouvais pas exactement dans votre situation. Moi aussi, ma chère tante à la mode, j'ai mes cheveux coupés. Presque ras - 1 3/4 millimètre. Par contre - et par pur désoeuvrement - je laisse pousser ma moustache. Que sera-ce en novembre? J'aime mieux vous avertir d'avance pour que ma tante reconnaisse son p'tit neveu.

Mais malgré ces changements - désavantageux peut-être - sauriez-vous procurer une gentille ‘tite amie au ‘tit n'veu? Je serais si content, ma chère tante. Et puis, ça m'occuperait un peu. Qu'elle s'appelle Paulette, Colette ou Simonne, peu m'importe, pourvu qu'elle ait - vous savez quoi - et - vous savez quoi - et au moins 18 dents. La demoiselle qui m'a aimé beaucoup au coin de votre lettre (et qui signe R.I.P.) me permettra peut-être de répondre à ses sentiments? Est-elle libre? ou bien consentirait-elle à exécuter avec votre neveu un savoureux cocufiage?

Mon coeur bat déjà plus vite, chère tante, mon coeur bat - vous savez où. Il est temps de vous embrasser. Au revoir donc, vous aussi, je vous bécote respectueusement. On peut tirer un peu aux ‘tits cheveux?

ç's'rait combler le voeu

De vot' petit neveu.

Origineel: particuliere collectie

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