E. du Perron
aan
C.E.A. Petrucci
Brussel, 27 september 1922
Brux. 27 Sept. '22.
Ma chère Clairette,
Je viens d'encaisser ma chasse. Je regrette de vous avoir fachée et vous savez bien que jamais cela n'a pu être mon intention. Si vous me trouvez idiot, je vous trouve injuste.
Je n'ai pas parlé de vous dans ma lettre. J'ai nommé le ‘monsieur’ qui ouvrait des lettres adressées à une dame, un malotru et un goujat, et je lui ai donné mon nom. Je ne me suis pas demandé si c'était javanais, italien ou assyrien, j'en éprouvais le besoin et c'est ma faute, si vous voulez, de mal me retenir. Si le type en question (vous me permettez de ne pas parler de ‘monsieur’?) sait ce dont il s'agit il n'a qu'à me donner son nom en retour et me dire en quoi je peux le servir; sinon, il ne comprendra rien et tant pis.
Je n'ai donc pas agi en ‘fiancé’; d'ailleurs personne ne le sait mieux que moi que je n'en ai pas le droit, je vous prie de le croire; j'ai seulement agi - avec la même idiotie si vous voulez - comme je l'aurais fait dans n'importe quel cas dès qu'on aurait ouvert mes lettres à n'importe quelle dame.
Je refuse, de mon côté, quoiqu'avec toute l'humilité que vous me connaissez, de vous écrire par un chemin aussi peu sûr. Si vous voulez je vous dis donc ‘au revoir’ et vous prie de me croire toujours
bien à vous
Eddy
J'espère de tout coeur que cette lettre-ci ne sera pas ouverte! Je ne connais pas ‘ce pays’, me dites-vous, mais est-ce qu'en Italie je devrais donc traiter notre noble confident-malgré-nous de ‘gracieux gentilhomme’?
Origineel: particuliere collectie