E. du Perron
aan
C.E.A. Petrucci

Brussel, 10 januari 1923

mardi

Chère Clairette,

J'ai tout à fait oublié ce matin (excusez-moi, je me sentais abruti) de vous inviter à aller avec mes parents et moi voir The Prisoner of Zenda au Queen's Hall, vendredi ou samedi, l'après-midi ou le soir, comme vous préférez, - lundi, comme vous savez, nous partons à Paris. Seriez-vous encore libre??? Le film vaut la peine, il ne s'agit plus de l'assaut d'une montagne mais d'un trône. Il y a un prince-héritier qui au moment de devenir roi est jeté par son frère dans le donjon de Zenda; il y a le frère, l'archi-duc Michaël, évidemment traître par excellence!; il y a Mr. Rudolf Rassendyl, gentleman accompli, anglais en voyage, ressemblant au roi comme deux gouttes d'eau, qui - pour s'amuser - joue le rôle du roi en courant les risques; il y a la reine, très belle et très femme, qui devient amoureuse du pseudo-roi; il y a le jeune Rupert Hentzau, partisan de l'archiduc Michaël, le jeune Rupert, élégant, courageux, sans scrupules, qui pour une histoire de femme tue son patron; il y a Antoinette de Mauban, la femme en question, très désireuse de tuer Rupert Hentzau; enfin assez de détails très ‘sensationnels’ pour vous tenir captive pendant deux heures. Et tout cela se passe, soidisant, de nos jours! Vous venez, Clairette?

Soyez très gentille et dites: oui.

Je serai chez vous jeudi soir à 6 h. ½ précises et me rejouis d'avance de vous présenter le CRAPOUILLOT, dussé-je, Madame, vous voir en furie! Au revoir, chère méchante Clairette, je vous fais un peu mal en vous serrant les doigts.

Votre

Eddy

Origineel: particuliere collectie

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