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In de eerste plaats is er een korte briefwisseling van Willem van Hogendorp uit 1771-1772 met Diderot en Marmontel, waarnaar ik op verschillende plaatsen verwezen vond, o.a. in de dissertatie over Gijsbert Karel's jeugd van dr. Verberne. Steeds werd het voorgesteld alsof deze briefwisseling onbeduidend was. Dat is zij voor onze smaak zeker, wat het onderwerp betreft: maar in de koppige ernst waarmee de onbeduidende diskussie, die eraan ten grondslag ligt, behandeld wordt, toch wel zeer leerzaam voor ons besef van het ‘leven der ideën’ in die dagen, en om de groteske gekwetstheid die eruit voortkomt niet weinig amusant. De diskussie begint op

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een avond ten huize van de prins Gallitzin, russiese gezant in Den Haag, en deze omstandigheid, en het feit dat deze prins zich vóór Hogendorp op het oordeel van niemand minder dan Diderot beroept, is zeker van invloed geweest op de verbetenheid waarmee Van Hogendorp - toen toch al 35 jaar - voor zijn gelijk opkomt. Men denke zich in dat Diderot destijds een europese vermaardheid was, de geleerde die alles wist, de ziel van de Encyclopédie, de filosoof: iets onvergelijkelik beroemders en imposanters dan nu bijv. professor Huizinga. Van Hogendorp had hem in zijn jeugd in Parijs ontmoet, toen hij om zijn opvoeding te voltooien zoveel schulden maakte en grote sommen verloor, zelfs aan het biljard. De regent die hij was, achtte zich gerechtigd op zijn beurt de grote filosoof aan te schrijven. Diderot ontving dus, vermoedelik op een Junidag van het jaar 1771, de volgende brief uit Den Haag:

Monsieur,
Je suis charmé, qu'une assez mince dispute de Littérature me procure l'occasion de rappeller à votre mémoire un homme, qui a eu souvent le plaisir de vous voir à Paris, qui y a joui des charmes de votre conversation, et qui n'oubliera jamais la force de vos raisonnemens.
Vous souvient-il, Monsieur, d'un jeune Hollandois, qui dinoit quelquefois, il y a douze ou treize ans, dans la maison du Baron de Holbach, et qui y jouoit avec vous aux échecs. Que de mats ne m'avez vous point donnés que je n'ai jamais pu vous rendre! Je me flatte que le moment propice est arrivé, et que je pourrai vous en donner un dans cette dispute Littéraire, dont vous devez convenir vous-même.
Soupant, il y a quelques jours, chez Madame la Princesse de Gallitzin, j'entendis soutenir que Parnasse et audace ne rimoient pas, on me parla d'a longs et d'a brefs, de Dictionnaires de rimes etc.; je me bornois à dire que ces deux mots rimoient très bien, que la Prosodie avouoit cette rime, que j'avois pour mon opinion l'autorité des plus grands Poëtes, et que je me rapportois, si on voulait, à deux hommes célèbres dans la Littérature, Messieurs Diderot et Marmontel; la dispute s'échauffa, et l'on me demanda, si je faisois aussi rimer Grace et Parnasse; je répondis, que je faisois même rimer ces deux mots sans scrupule. Quinze jours se passèrent, sans y plus penser, lorsque le Prince de Gallitzin me montra une Lettre de votre part, Monsieur, dans laquelle vous terminiez la dispute, en donnant gain de cause à mes adversaires.
Permettez donc, que j'entre avec vous dans quelques détails, mais avant tout il est nécessaire de vous prévenir, que le Prince de Gallit-

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zin ne vous a point assez distingué dans sa Lettre une différence notable que j'ai toujours faite au plus fort de la dispute pour la richesse de la rime entre audace et Parnasse, et Grace et Parnasse, quoique j'aie avancé que l'un et l'autre rimoient très bien; j'ai donc commencé par soutenir, que Parnasse et audace, c'est-à-dire l'asse et l'ace rimoient; et de bonne foi, Monsieur, me le disputeriez-vous? je le souhaiterois presque pour avoir le plaisir de vous convaincre.
Posons d'abord pour principe général (et je ne crains pas, que vous le désavouiez) que dans la Prosodie comme dans la Grammaire, il y a certaines règles qui ont été faites sur la seule autorité des grands Maîtres de l'art, et que ce ne sont pas les faiseurs de prosodie ou pour mieux dire les compilateurs des règles, qui la composent, qui aient eu dans leur pouvoir de rendre telle Sillabe longue ou brève, telle rime bonne ou mauvaise; c'est pourquoi quand on veut prouver en Latin que do en dolorem est bref, on ne dit pas: parce que cela se trouve ainsi dans la Prosodie; mais on cite l'autorité de Virgile, en disant

Infandum, regina, jubes renovare dolorem.

De même, Monsieur, quand on veut prouver qu'un mot en ace peut rimer avec un mot en asse, on doit chercher sa preuve dans les ouvrages des grands Maîtres de la Poësie françoise; non dans leurs pièces fugitives et négligées, mais dans les chefs-d'oeuvres de l'art; et qui sont-ils? récuserez-vous, Monsieur, Racine et Voltaire? l'Andromaque et la Henriade? non sans doute: Eh bien! permettez-moi de les opposer au jugement, que vous avez porté contre moi.
Je trouve dans la seule pièce d'Andromaque trois Exemples qui me justifient, je commencerai par en citer deux: Pyrrhus dit au second acte, en faisant parler Hermione:
 
Voilà ses yeux, sa bouche et déjà son audace,
 
C'est lui-même, c'est toi, cher Epoux que j'embrasse.

Oreste au cinquième Acte:
 
Mais que vois-je à mes yeux! Hermione l'embrasse!
 
Elle vient l'arracher au coup qui le menace.

Voltaire dit dans sa Henriade au 7ème chant vers 61. et 62:
 
Au de là de leurs cours, et loin dans cet espace,
 
Où la matière nage, et que Dieu seul embrasse.

En voilà bien assez, je pense, pour justifier la rime d'audace et de Parnasse; mais je veux prouver davantage, c'est que ce même Racine, c'est-à-dire l'homme du monde le plus reconnu, pour avoir eu l'oreille harmonieuse, fait rimer Grace avec fasse et fait dire à Oreste au 4ème acte de son Andromaque:
 
Hé bien! il faut le perdre, et prévenir sa grace,
 
Il faut! mais avant tout que faut-il que je fasse?

Ne croyez pas, Monsieur, que j'aie eu beaucoup de peine à trouver

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ces exemples; si vous voulez feuilleter les ouvrages de ces deux grands hommes, vous en trouverez de reste dans toutes leurs Tragédies.
Je sçais que l'Auteur du Père de famille, du Fils naturel, et de plusieurs ouvrages de Philosophie sera immortel comme celui d'Andromaque et de la Henriade, je sçais que son jugement en Littérature doit être d'un très grand poids, mais n'ai-je pas lieu de me flatter, qu'en ayant de si fortes autorités pour mon opinion, j'obtiendrai de lui de bonnes raisons, qui la combattent, ou bien que, par amour pour la vérité, il avouera que sa décision a été un peu trop précipitée.
Se pourroit-il, Monsieur, que vous ne vous rendissiez point à des Exemples si frappans, à de si fortes autorités? exigeriez vous le non plus ultra? Soit, vous l'aurez; cet homme unique pour l'exactitude, et qui frondant tous les auteurs de son tems, a dû bien prendre garde de ne point donner prise sur lui-même; ce grand Maître de l'art, dont il a prescrit les règles, Boileau, a pensé comme moi.
Ne craignez pas, Monsieur, que j'allèguerai ici des Exemples tirés de ses Satires, de ses Epîtres, de ses Pièces fugitives ou négligées; je veux même vous ôter le pouvoir de me dire, qu'il s'y est permis des Rimes normandes; ouvrons son Art poëtique, ce chef-d'oeuvre immortel, où le précepte et l'Exemple sont si souvent réunis; là vous verrez au Vers 51. et 52. du 1er chant:
 
S'il rencontre un Palais, il m'en dépeint la face,
 
Il me promène après de terrasse en terrasse.

Aux vers 109. et 110. du 2ème chant:
 
La faveur du Public excitant leur audace,
 
Leur nombre impétueux inonde le Parnasse.

Aux vers 187. et 188. du 4ème chant:
 
Il est vrai, mais enfin cette affreuse disgrâce
 
Rarement parmi nous afflige le Parnasse.

Aux vers 227. et 228. du 4ème chant:
 
Vous offrir mes Leçons, que ma Muse au Parnasse
 
Rapporta jeune encor du commerce d'Horace.

Après des autorités si respectables, je croirois, Monsieur, profaner les cendres des grands hommes, que je cite, si je voulois fortifier mon opinion par des raisonnemens ultérieurs, jugez et décidez.
S'il y avoit moyen, Monsieur, de sçavoir aussi par vous, l'opinion de Monsieur de Marmontel, ou de quelqu'autre Poëte sur ce point-ci, vous nous obligeriez tous, nous ne demandons que d'être éclairés. Si vous persistez à me condamner, si Monsieur de Marmontel me condamne, j'avouerai mon tort, malgré mes preuves.
J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite estime et la plus haute considération,
[DE HOGENDORP.]
Monsieur,
Je vous prie de vouloir aussi me dire si l'a dans Trace, Grace, Horace n'est pas le même, c'est ce qu'on m'a disputé hier au soir.